La prise en charge des MICI progresse

Pr Guillaume Bouguen, gastro-entérologue et hépatologue au CHU Pontchaillou de Rennes.

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) incluent la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH).

Elles concernent plus de 300 000 personnes en France, généralement diagnostiquées entre 20 et 30 ans. Ces maladies dysimmunitaires sont à l’origine d’une inflammation chronique non contrôlée du tube digestif.

L’objectif de la prise en charge thérapeutique est de limiter le handicap induit par les poussées, d’éviter les complications anatomiques de ces pathologies telles que des sténoses, des fistules pour la maladie de Crohn, un cancer colorectal, et de limiter le recours à la chirurgie. Au-delà de l’aspect médical, les MICI ont également des impacts sur la vie professionnelle, sociale, personnelle, affective et sexuelle des patients. Face à ces différentes situations, l’approche de la maladie a considérablement progressé, notamment la reconnaissance de la maladie et la place du patient. Le travail de l’association François Aupetit y a fortement contribué. Chaque cas est différent, ce qui complexifie la prise en charge.

D’un point de vue thérapeutique, la meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques de la maladie a permis de développer des traitements ciblés, comme les anti-TNF-alpha. En parallèle, d’autres anticorps monoclonaux thérapeutiques sont venus renforcer l’arsenal thérapeutique. Ces innovations ont transformé la prise en charge des patients, autrefois hospitalière, aujourd’hui ambulatoire. Les dernières innovations ciblent différentes voies (anti-intégrines, autres interleukines, voies JAK/STAT, etc). Toutes visent le système immunitaire et induisent en contrepartie des risques (lymphomes, infections, etc.) que l’on cherche aujourd’hui à diminuer et mieux prévenir. La manipulation du microbiote fécal comme la réalisation de transplantation fécale à l’essai constituent un autre espoir de traitement à l’avenir. Malgré les progrès thérapeutiques, de 10 à20  % des patients restent réfractaires aux traitements.

Article extrait du dossier Grand Angle Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 19 mai 2021.

Photo : © CHU / DR