RCH : la lutte contre l’impasse thérapeutique continue

Le Pr David Laharie, hépato-gastro-entérologue au CHU de Bordeaux, présente de nouvelles options thérapeutiques pour les patients atteints de rectocolite hémorragique (RCH).

La RCH fait partie des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). On n’en connaît pas encore la cause précise, mais le mode de vie contemporain semble favoriser son apparition et l’augmentation de sa prévalence. Les données épidémiologiques actuelles suggèrent qu’en France jusqu’à 0,6 % de la population pourrait être concernée à court terme par les MICI, dont la moitié par la RCH. Sur le plan thérapeutique, les traitements actuels permettent de contrôler la maladie, mais environ 20 à 30  % des patients atteignent une rémission complète dans les essais cliniques. Les salicylés 5-ASA restent efficaces pour environ 40  % des formes moins sévères. Pour les autres cas, les thérapies dites « avancées » ont apporté des progrès significatifs et, d’ici peu, une douzaine de molécules différentes seront disponibles pour traiter la RCH.

Le mode de vie contemporain semble favoriser l’apparition de la RCH et l’augmentation de sa prévalence…

Malgré ces avancées, environ 10 % des patients restent en échec thérapeutique, avec pour seule option la chirurgie lourde du côlon et du rectum. Des programmes de recherche se développent au niveau mondial pour trouver de nouveaux traitements répondant à ces besoins médicaux. De nombreuses molécules prometteuses sont attendues d’ici cinq à dix ans, avec un effet plus ciblé, et un bon équilibre entre efficacité et tolérance à long terme. Parmi elles, certaines ciblent des voies de l’inflammation originales. C’est le cas du Lusvertikimab, un anticorps monoclonal antagoniste pur du récepteur de l’IL-7 qui bloque exclusivement l’IL-7 et présente un mécanisme d’action différencié très en amont de la cascade inflammatoire. Les résultats de l’essai clinique de phase II, présentés au Congrès DDW 2025, montrent que ce nouveau traitement est efficace et bien toléré pour les personnes souffrant de rectocolite hémorragique modérée à sévère. Il existe aussi un autre anticorps monoclonal issu d’un partenariat de recherche public/privé franco-français, premier traitement à bloquer l’interleukine 23. Ce traitement a montré des résultats positifs en phase II. La modulation du microbiote intestinal est aussi une piste explorée, notamment via l’alimentation ou des combinaisons thérapeutiques. Enfin, soulignons l’excellence de l’écosystème français autour des MICI, grâce à l’action conjointe du GETAID et de l’AFA Crohn RCH, qui font progresser la recherche et les traitements vers plus de personnalisation.

Propos recueillis par Sandrine Guinot-Mosetti

* GETAID : Groupe d’Etude Thérapeutique des Affections Inflammatoires du Tube Digestif – getaid.org
** AFA Crohn RCH : Association François-Aupetit-https://www.afa.asso.fr/

Article extrait du dossier Grand Angle spécial MICI réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 20 mai 2025.

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