Un virage dans l’approche des MICI

Pr Laurent Peyrin-Biroulet, CHRU de Nancy

Si la recherche thérapeutique se poursuit dans le domaine des MICI, les pratiques elles aussi évoluent et les cliniciens adoptent aujourd’hui une nouvelle vision de la prise en charge de ces pathologies. Un consensus se fait jour autour d’une approche des MICI en deux objectifs. Le premier vise à court terme (dans les six mois à un an) à diminuer l’inflammation intestinale et à améliorer les symptômes ressentis par le patient.

Le deuxième objectif est de modifier à long terme l’histoire naturelle de la maladie, pour permettre le retour des patients à une vie normale. Cette approche pourrait ainsi se résumer à un contrôle précoce de la maladie pour pouvoir en changer le futur. Par contrôle précoce, on entend le fait que, dès le diagnostic de la MICI, il faut tout de suite agir et soigner, en optimisant le traitement en cas d’échec par une escalade thérapeutique rapide. Car il convient d’éviter que la MICI ne se complique et n’entraîne une hospitalisation voire une opération du patient, objectif poursuivi au travers d’une surveillance très rapprochée du patient.

Autre nouveauté dans l’approche des MICI : des exigences plus fortes en termes de rémission. Nous sommes aujourd’hui en quête de la rémission profonde, à savoir dans la RCH une histologie normale, et dans la maladie de Crohn une paroi intestinale normale. Le corollaire de ce durcissement des exigences est que nous devons disposer de traitements encore plus efficaces pour y répondre ; en effet, seul 1 patient sur 5 est en rémission profonde avec les traitements les plus performants à l’heure actuelle. Pour percer le plafond de verre de l’efficacité, on commence à associer les traitements. Un premier essai mondial, l’essai VEGA, vient de montrer que l’on peut améliorer très nettement les taux de rémissions jusqu’à des niveaux encore jamais atteints, en associant deux biothérapies.

On cherche enfin à prédire l’efficacité des traitements, ce qui n’est pas chose simple, ces maladies inflammatoires étant complexes. Cette approche est balbutiante, mais les premiers résultats sont prometteurs. Beaucoup d’espoir, donc, pour ces patients, dans un futur proche.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial MICI réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 20 mai 2022.

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