La maladie rénale chronique, qui touche 10 % de la population et oblige près de 100 000 personnes à suivre des traitements de suppléance, doit être prise en charge plus tôt grâce à un dépistage plus systématique.

Près de 6 millions en souffriraient, dont une bonne part sans le savoir, à défaut de symptômes spécifiques et favorisant un dépistage systématique. L’insuffisance rénale chronique est une maladie insidieuse, caractérisée par un dysfonctionnement des reins. Ces organes essentiels ont pour fonction d’éliminer les déchets de l’organisme en purifiant le sang, de les évacuer grâce à l’urine et de ne conserver que les substances utiles à son bon fonctionnement. Ils servent également à maintenir la composition constante du sang (quantité d’eau, de potassium, de sel…) et la pression artérielle, mais également à transformer la vitamine D pour permettre l’absorption du calcium alimentaire par l’intestin et sa fixation par les os. Enfin, les reins produisent l’érythropoïétine, une substance qui stimule la production de globules rouges.

A l’origine de la maladie rénale, deux pathologies sont le plus fréquemment impliquées : le diabète de type 2 et l’hypertension artérielle. Mais d’autres affections peuvent en être responsables, comme la glomérulonéphrite, la polykystose rénale, les pyélonéphrites à répétition, le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde. Et certains facteurs de risque sont également à surveiller, comme l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, mais également l’âge (plus de 60 ans) ou la prise de médicaments toxiques pour le rein (anti-inflammatoires, notamment).

Les spécialistes distinguent cinq stades de sévérité de l’insuffisance rénale chronique, en fonction du taux de filtration du sang (appelé débit de filtration glomérulaire). Le stade 5 caractérise l’insuffisance rénale terminale, qui nécessite de mettre en place un traitement de suppléance. La dialyse peut être même recommandée dès le stade 4 : initiée plus tôt, elle est en général mieux supportée par les patients. Et la greffe de rein reste le traitement de référence, mais elle est peu accessible, en raison des tensions persistantes dans l’activité de prélèvements d’organes. Les délais sur liste d’attente s’allongent : ils atteignent de deux à trois ans en moyenne, parfois beaucoup plus.

Du 9 au 16 mars, la 19e Semaine nationale du Rein permet de mieux informer la population, en particulier de l’intérêt d’un dépistage plus systématique. Repérée tôt, la maladie rénale peut être fortement retardée dans sa progression, grâce à quelques règles hygiéno-diététiques de base, mais également en prenant mieux en charge les maladies qui détériorent la fonction rénale.

Antoine Largier


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Néphrologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 10 mars 2024.

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