Face à la crise de la pédiatrie, l’espoir des Assises de la santé de l’enfant

Pr Christèle Gras-Le Guen, pédiatre, cheffe du pôle Femme-Enfant-Adolescent au CHU de Nantes, Présidente de la Société française de Pédiatrie (SFP).

Notre système de santé n’est plus adapté aux besoins de santé des enfants depuis déjà plusieurs années. Pour tenter d’y remédier, le ministre de la Santé, François Braun, a lancé les Assises de la santé de l’enfant. Depuis le début de l’année, plus de 2 000 professionnels impliqués dans la santé de l’enfant (pédiatres, médecins généralistes, pédopsychiatres, psychologues, infirmières, puéricultrices, parents et enfants…) ont participé activement aux travaux en faisant des propositions d’action. Une trentaine de tables rondes ont été organisées et plus d’une centaine d’experts auditionnés. L’objectif est d’améliorer la santé de l’enfant dans sa globalité (santé physique, psychique et sociale), de la période périnatale jusqu’à sa majorité, avec une refondation de notre système de santé de l’enfant qui s’inscrira dans les dix prochaines années. Différents points ont été mis en avant.

L’un des premiers constats est celui d’une pénurie de professionnels de la santé de l’enfant, à laquelle s’ajoutent des insuffisances de formation. Il faut donc, au préalable, créer un choc d’attractivité pour que les professionnels qui s’occupent d’enfants soient mieux reconnus, mieux valorisés et mieux formés. L’autre constat est celui d’une augmentation de la mortalité infantile en France, entre 2012 et 2019, cette alerte nécessitant de mettre en œuvre sans délai une amélioration des conditions de naissance. Il faut, aussi, intensifier l’investissement des 1 000 premiers jours et, dès cet hiver, optimiser les mesures de prévention contre les épidémies hivernales. Les travaux des Assises de la santé de l’enfant s’attachent aussi à ce que les services d’urgences redeviennent le lieu des véritables urgences et que les parcours de soins apparaissent plus lisibles pour les parents. Parmi les autres priorités figurent également la santé mentale des enfants et l’amélioration de l’accès aux soins pour les enfants en situation de handicap, de précarité ou victimes de violences. Enfin, une politique de prévention adaptée aux nouveaux risques (tabac, alimentation, alcool, écrans…) est également au programme. Des réponses de fond sont attendues !


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Pédiatrie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 1er juin 2023.

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