Pr Bruno Housset, pneumologue (CHI Créteil), Président de la Fondation du souffle.
Les poumons sont soumis à de multiples agressions. Le tabac est bien sûr le premier de ces agresseurs. La pollution reste également préoccupante. Certes, la réglementation s’est améliorée, incluant désormais la mesure des taux de particules fines PM 2,5 dans les polluants à surveiller, mais il faut aller plus loin et évoluer vers de nouvelles normes. Elles sont actuellement exprimées en µg par m³. Or, il faut s’intéresser aussi au nombre de particules, car, pour une même masse, plus elles sont petites, plus elles sont nombreuses et plus elles sont toxiques pour l’organisme. Il faut examiner également leur qualité et connaître leur composition (métaux lourds, hydrocarbures …).
Une étude (1) a montré chez l’homme que des nanoparticules inhalées étaient détectées dans l’urine au bout de quinze minutes, mais qu’elles étaient toujours présentes trois mois après et qu’elles s’accumulaient préférentiellement sur les sites des maladies vasculaires, ce qui peut expliquer les complications cardiovasculaires dues à la pollution. Les pathologies cardiovasculaires sont les principales causes de décès dus à la pollution de l’air (75 %). Le lien entre la pollution particulaire et les affections respiratoires est aussi aujourd’hui mieux connu, particulièrement les effets à long terme, en plus de ceux dus aux pics de pollution. Enfin, dernièrement, certaines études évoquent un lien entre la pollution et la Covid-19. La pollution est un facteur d’inflammation qui favoriserait le développement de l’infection en altérant les défenses immunitaires. De plus, les particules fines pourraient véhiculer les virus et, en particulier, le SARS-CoV-2. Cette année, la Fondation du souffle renforce donc ses actions pour lutter contre les principaux agresseurs du poumon, notamment lors des Journées mondiales asthme et BPCO. La Fondation du souffle va également continuer à sensibiliser et informer le grand public sur les maladies respiratoires et financer la recherche en pneumologie. Elle a lancé un appel à projets « Cohortes Covid en pneumologie 2020 » afin de soutenir, grâce à la générosité de ses donateurs, des projets de recherche sur un thème d’actualité, celui des Covid longs.
(1) Miller M. R. et al. « Inhaled Nanoparticles Accumulate at Sites of Vascular Disease ». CS Nano 2017, 1, 4542-4552.
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Article extrait du dossier Grand Angle – Spécial Pneumologie, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 30 janvier 2021