Prévenir les risques véhiculés par l’air que l’on respire

Pr Jésus Gonzalez, Pneumologue au CHU Pitié-Salpêtrière AP-HP, Président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF).

Environ 10 millions de Français de tous âges sont atteints de pathologies respiratoires chroniques (BPCO, asthme, allergies…) ou de cancer pulmonaire. D’autres maladies sont plus rares (mucoviscidose, fibrose pulmonaire, hypertension pulmonaire…), mais elles sont tout aussi graves. Leur coût est estimé à 3,5 milliards d’euros pour le système de santé. C’est dans ce contexte, avec de plus un système de santé très fragilisé, qu’est arrivé, en 2020, le SARS-CoV-2. Aujourd’hui, nous faisons face à trois épidémies respiratoires en même temps, grippe, Covid-19 et bronchiolite (VRS) et les services hospitaliers sont débordés. Il faut impérativement rebondir sur l’expérience du Covid-19 pour anticiper à froid d’éventuelles situations similaires. Face aux risques associés à la pollution, aux changements climatiques, aux allergènes, mais aussi aux nouveaux virus, les pathologies respiratoires ne pourront à l’avenir qu’augmenter. La SPLF a ainsi décidé de mettre en avant au cours des prochaines années des actions de formation et de communication sur deux thématiques : « L’air que l’on respire – les pneumologues pour vous défendre de l’exposome » et « Le parcours patient respiratoire – les pneumologues à chaque étape ».

Les pneumologues ont aujourd’hui un rôle clé à jouer dans la lutte contre la pollution extérieure mais aussi intérieure, qui impacte grandement la santé respiratoire. L’information et la prévention doivent être renforcées et facilitées. C’est ainsi que la SPLF participe depuis un an avec de nombreux autres partenaires (associations de patients, notamment) aux Etats généraux de la pneumologie afin de porter des messages scientifiques jusqu’au niveau des décideurs. Il en est du devoir des 3  223 pneumologues en France qui devront, pour remplir au mieux leur mission, être aidés par d’autres professionnels de santé, infirmières en pratique avancée, kinésithérapeutes… Le conseiller médical en environnement intérieur, profession mal connue, peut également jouer un rôle important en se rendant au domicile des patients en cas de suspicion de corrélation entre leur logement et leur pathologie allergique ou respiratoire.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies respiratoires réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 28 janvier 2023.

Photo © SPLF / DR