« La profession de chirurgien-dentiste s’apprête à connaître de profondes modifications dans les années à venir. Outre les ambitions du président de la République de réduire le reste à charge sur les soins dentaires, nous sommes confrontés, comme tous les acteurs de santé, aux révolutions thérapeutiques et technologiques qui bouleversent le champ de la santé. Attentif aux évolutions des conditions d’exercice de ses confrères, le Conseil national de l’Ordre s’implique dans une réforme importante pour mieux répondre aux exigences éthiques et déontologiques de la profession.
Ainsi, l’Ordre se veut en phase avec son temps pour les praticiens et pour les patients.Néanmoins, il entend rester vigilant quant à la garantie de la sécurité des données à caractère médical au cours des échanges dans le cadre du dossier médical partagé (DMP) ou de la télémédecine (des hackers ont volé des dossiers médicaux appartenant à 1,5 million d’habitants de Singapour [source Le Monde, 20 juillet]).
L’Ordre considère que l’usage du stylo-caméra, destiné à établir le diagnostic, peut être accordé à des infirmières hors présence du chirurgien-dentiste.
Nous nous intéressons également à des sujets majeurs de transformation du système de santé, tel l’essor de la télémédecine. Il faut savoir que la télémédecine bucco-dentaire est en phase dynamique de structuration, avec des expériences innovantes (Montpellier, Guéret, Bordeaux, régions Bretagne et Hauts-de-France), qui démontrent l’intérêt de ces dispositifs pour lutter contre l’éloignement des soins dentaires de certaines populations.
L’une des applications les plus probantes concerne la prise en charge des personnes âgées dans les Ehpad et les personnes en situation de handicap. On peut distinguer trois niveaux d’intervention pour graduer les réponses sanitaires : le diagnostic à distance suivi du déplacement d’un praticien dans l’Ehpad, le déplacement du patient en VSL chez un praticien, la délivrance des soins lourds dans des centres spécialisés.
Afin de faciliter l’essor de ces solutions, l’Ordre considère que l’usage du stylo-caméra, destiné à établir le diagnostic, peut être accordé à des infirmières hors présence du chirurgien-dentiste.
C’est par ce type de décision que nous entendons contribuer au développement de pratiques innovantes en matière de soins dentaires. L’accès aux soins pour tous les patients fait partie de nos missions, c’est pourquoi nous soutenons ce type d’initiatives. »
Par Serge Fournier, président du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes
Article extrait du dossier Grand Angle – Santé Bucco-dentaire, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 28 novembre 2018