Il faut éradiquer le papillomavirus

Pr Patrice Lopes Professeur Emérite de l’Université de Nantes, gynécologue. Elsan Santé Atlantique.

Le papillomavirus (HPV) est responsable de plus de 6 300 cancers touchant les femmes et les hommes. Nous avons les armes pour l’anéantir, mais nous sommes indisciplinés. Les armes sont de quatre ordres : la prévention par la vaccination, le dépistage par la recherche du HPV et les frottis cervico-vaginaux, le traitement des lésions virales et précancéreuses par la chirurgie limitée et enfin la recherche de nouveaux traitements médicaux pour se débarrasser du portage viral.

La vaccination est essentielle. Elle doit intéresser tous les collégiens, garçons et filles de 11 à 13 ans. Malheureusement, le taux de couverture vaccinale reste faible (moins de 50 %), ce qui nous prive d’une prévention efficace. Il faut généraliser cette vaccination chez les collégiens en classe de cinquième en excluant uniquement les élèves dont les parents auraient explicitement, par écrit, émis un refus argumenté. Pour améliorer le taux de couverture, il faut obtenir le remboursement de ce vaccin quel que soit l’âge des personnes à vacciner.

Le dépistage organisé s’améliore en France. Les femmes de moins de 30 ans reçoivent une invitation à faire réaliser un frottis et les femmes de 30 ans et plus, une recherche de HPV. Cette invitation devrait permettre d’améliorer le taux de femmes dépistées et pour celles ne souhaitant pas consulter un médecin, un auto-prélèvement vaginal de HPV est possible. A côté du dépistage organisé, le médecin peut proposer un dépistage individualisé avec la recherche du HPV avant l’âge de 30 ans chez les femmes non vaccinées pour mieux indiquer la vaccination de rattrapage. Si la femme est porteuse de lésions du col utérin, les traitements permettent d’éviter les évolutions vers le cancer. Un diagnostic précoce des lésions précancéreuses (bas grade ou haut grade) contribue à réduire l’agressivité des traitements et leurs effets indésirables.

La recherche des traitements médicaux contre le HPV et les lésions malpighiennes se développe. Plusieurs molécules font l’objet de recherche de phases 1 et 2 pour éradiquer le HPV. Il faut soutenir cette recherche pour obtenir rapidement des résultats. L’hygiène de vie et l’arrêt du tabac sont également de nature à réduire les risques et à favoriser l’élimination naturelle du HPV.

En conclusion, nous devons concentrer nos forces pour éliminer un cancer dont la cause virale est démontrée. Cet objectif peut être atteint si nous améliorons la couverture vaccinale et le dépistage.

Propos recueillis par Christine Fallet


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé des femmes réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 25 janvier 2024.

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