La gynécologie obstétrique est à la peine en 2023

Dr Joëlle Belaisch Allart, professeure du Collège de médecine des hôpitaux de Paris, Présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).

La profession n’attire plus, les gardes de vingt-quatre heures sont trop lourdes, trop peu rémunérées, trop contraignantes pour la vie familiale, les gynécologues comme les sages-femmes désertent les salles de naissance, surtout dans les petites structures où les gardes reviennent trop souvent. Les jeunes médecins, comme tous les jeunes, privilégient la qualité de vie, tant privée que professionnelle. Les futures mères, pas toujours bien informées, veulent accoucher à côté de chez elles confondant proximité et qualité. Pour éviter l’hôpital, de futures mères (heureusement exceptionnelles) préfèrent même s’exposer aux dangers de l’accouchement à domicile! Si rien ne change, si nos gouvernants ne prennent pas le taureau par les cornes en organisant des assises de la périnatalité avec tous les acteurs concernés, on va droit dans le mur! Il est urgent que tous les acteurs de la périnatalité se retrouvent autour d’une table pour rétablir la confiance dans les structures hospitalières, pour donner envie aux praticiens d’y travailler et aux futures mères d’y venir sans angoisse.

La relation médecin-patient a évolué depuis le début des années 2000 et, si de rares collègues ont pu manquer de la bienveillance qui doit toujours être la règle dans nos relations avec les patientes, nous avons concentré nos efforts pour accompagner cette évolution (avec, notamment, la publication de la charte de la consultation des règles de l’examen en gynécologie) et nous persévérerons dans l’amélioration du climat et du respect mutuel entre médecins et patientes.

Les exemples d’incompréhension ne manquent pas. On dispose d’un vaccin prévenant le cancer du col de l’utérus, mais en France les parents font bien peu vacciner leurs enfants par méfiance envers des effets secondaires éventuels non démontrés, sauf sur les réseaux sociaux!

La natalité chute, des femmes ou des couples osent désormais affirmer ne pas vouloir d’enfant. En même temps, de nombreuses autres femmes qui voudraient conserver leurs ovocytes, comme la loi de bioéthique les y autorise, pour faire un enfant quand elles auront rencontré l’âme sœur ou quand les conditions seront meilleures, faute de centres autorisés en nombre suffisant, doivent aller à l’étranger!


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé des femmes réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 25 janvier 2024.

Photo : CNGOF / DR