L’ADSF au plus près des femmes en situation de précarité

Pour les femmes vulnérables qui n’ont pas accès aux soins, l’Association pour le Développement de la Santé des Femmes (ADSF) intervient directement auprès d’elles en agissant sur le terrain. Précisions avec Stefania Parigi, Présidente, et Myriem Maïcha, Directrice générale.

Quelles sont les missions de l’ADSF ?

L’ADSF a été créée il y a un peu plus de vingt ans et a donné naissance à la première consultation gynécologique pour les femmes à la rue dans Paris. Les objectifs, en rencontrant les femmes là où elles se trouvent (rue, centres d’hébergement, logements précaires…), sont de repérer leurs besoins en santé, de les accompagner et de les orienter pour améliorer leur état de santé global et leur permettre d’accéder aux dispositifs de droit commun. La santé pour ces femmes vulnérables est bien souvent reléguée à l’arrière-plan, loin derrière l’urgence de se nourrir et de se protéger de violences.

Parlez-nous de vos principales actions…

L’ADSF est présente en Ile-de-France et à Lille pour répondre aux besoins spécifiques de ces femmes. Pour cela, des maraudes sont organisées (rues, gares, bois…), grâce à des équipes mobiles salariées et bénévoles composées de sages-femmes, médecins, psychologues (car ces femmes sont souvent en état de grande détresse psychologique et morale), d’infirmières ainsi que de femmes « Repaires  » qui connaissent leurs souffrances pour les avoir elles-mêmes traversées. Nous évaluons leurs besoins, leur proposons des entretiens dans les Repaires Santé et leur distribuons des kits d’hygiène. L’association met également à disposition un camion aménagé en cabinet gynécologique, Frottis Truck, qui propose des soins et des examens gynécologiques gratuits (frottis, dépistage), un accès à la contraception et à des protections périodiques…

Quel bilan pouvez-vous faire ? Quel est le profil des femmes rencontrées ?

En 2023, l’ADSF a rencontré2  189 femmes (accueil et maraudes de Paris et de l’antenne de Lille) et 1  204 kits d’hygiène ont été distribués. En accueil, c’est près d’un quart d’entre elles qui sont primo-arrivantes. En 2023, nous comptons 742 nouvelles femmes, soit plus d’un tiers de la file active totale. 75 % de ces femmes sont en situation irrégulière ou en attente de régularisation et 51 % n’ont pas de couverture santé. Deux sur trois déclarent avoir subi des violences dans leur parcours d’exil ou en France et 59 % n’utilisent pas de méthode contraceptive. Enfin, un point positif  : 439 femmes ont été orientées pour la mise en place d’un parcours de soins.

Christine Fallet


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé des femmes réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 25 janvier 2024.

Photo : © AgirAffiche 5 / DR