Le CNGOF alerte sur le fonctionnement des maternités

Dr Joëlle Belaisch-Allart, Présidente du Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français (CNGOF).

Le travail en salle de naissance, les gardes, les urgences sont mal vécus par les médecins et par les sages-femmes. Beaucoup s’orientent vers d’autres modes d’exercice  : gynécologie médicale, chirurgie, cancérologie ou assistance médicale à la procréation (AMP), installation en ville pour les sages-femmes. Cette situation ne va pas s’améliorer, seule la moitié des jeunes gynécologues voulant poursuivre l’obstétrique et 50 % disant vouloir arrêter les gardes à 50 ans.

Nous demandons donc l’organisation d’états généraux de la naissance. Le CNGOF porte la plus grande attention aux plaintes exprimées par les femmes, mais est inquiet de l’usage actuel du mot viol pour qualifier des examens médicaux réalisés sans la moindre intention sexuelle. Nous appelons à un débat public entre magistrats, patientes, philosophes et tous les professionnels qui, dans l’intérêt des patientes, pratiquent des examens vaginaux ou rectaux, pour que soient distingués les actes à caractère sexuel et les examens vaginaux ou rectaux pratiqués dans le cadre d’une prise en charge médicale, examens parfois pénibles qui peuvent être mal ressentis par les patientes, qui nécessitent bienveillance et écoute mais qui ne doivent plus être qualifiés de viols.

L’accouchement dans la vraie vie n’est pas toujours une partie de plaisir, il peut être douloureux malgré la péridurale ! A trop donner une image d’Epinal de l’accouchement, les femmes sont déçues. L’enquête nationale périnatale 2021 a interrogé les femmes deux mois après l’accouchement : 96 % sont satisfaites du suivi de leur grossesse et de leur prise en charge en salle de naissance, mais 11 % ont un mauvais souvenir de l’accouchement (40 % disent avoir eu une douleur insupportable lors de la sortie du bébé). La loi de bioéthique est une révolution sociétale. Mais un an plus tard, le bilan est mitigé. Les couples de femmes et les femmes non mariées peuvent être pris en charge, mais le nombre de demandes a été bien au-dessus des prévisions. Le délai pour obtenir une paillette de sperme au Cecos est de treize mois. L’autoconservation ovocytaire est autorisée et prise en charge par l’Assurance-Maladie, de 29 ans jusqu’au premier jour des 37 ans, mais seulement dans 41 des 104 centres français d’AMP, qui sont débordés. Le délai d’attente est de cinq mois et de plus un d’an dans certains centres d’Ile-de-France.

Il est urgent de délivrer cette autorisation à tous les centres !


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé des femmes réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 26 janvier 2023.

Photo © CNGOF /DR