Environ 14 millions de femmes sont ménopausées en France(1). 80 % d’entre elles ressentent des symptômes tels que bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, baisse de la libido, troubles de l’humeur, douleurs articulaires, etc., pouvant altérer la qualité de vie et les performances professionnelles.
« Dans 25 % des cas, ces manifestations sont très invalidantes », explique le Dr Lorraine Maitrot-Mantelet, gynécologue à l’hôpital Port-Royal à Paris. Pourtant, des traitements efficaces existent. Si la première analyse des données de l’étude américaine WHI a conduit, pendant près de vingt ans, à une baisse importante de l’utilisation des traitements hormonaux de la ménopause (THM), une ré-analyse récente, notamment chez les femmes ménopausées depuis peu(2), remet en question ces freins. Par ailleurs, les THM étudiés (estrogènes conjugués équins et progestatifs de synthèse) ne sont pas ceux utilisés en France. En effet, le THM associant estradiol naturel par voie cutanée et progestérone naturelle, administré dans les dix ans suivant le début de la ménopause, a une balance bénéfices / risques favorable. « Bien entendu, il est important de prescrire ce traitement aux femmes ne présentant pas de contre-indications comme des antécédents de cancer hormono-dépendant (sein ou utérus) ou des antécédents cardiovasculaires artériels », précise l’experte.
Ce traitement « à la française » est aujourd’hui reconnu comme limitant le risque de cancer du sein, de thrombose veineuse et d’accident vasculaire cérébral ischémique. Sa posologie doit être adaptée à chaque femme afin d’aboutir à un équilibre entre efficacité et tolérance. Des traitements hormonaux par voie vaginale et des solutions non hormonales existent également. La prise en charge doit être personnalisée. Pour cela, consulter dès les premiers symptômes de péri-ménopause est important.
Ce rendez-vous est également l’occasion de faire un point sur la santé globale des femmes à cette période charnière de leur vie, notamment le dépistage des cancers et des maladies cardiovasculaires et osseuses.
Gézabelle Hauray
(1) Extrapolation du statut ménopausique des femmes de plus de 50 ans, au 1/01/22 (Insee bilan démographique 2021).
(2) Boardman HM et al, Hormone therapy for preventing cardiovascular disease in post-menopausal women. Cochrane Database Syst Rev. 2015.
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé des femmes réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 26 janvier 2023.
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