Selon Onusida, l’infection par le VIH a connu, en 2023, un niveau historiquement bas. Un million trois cent mille personnes ont été infectées, et 630 000 en sont décédées. C’est l’apogée du mouvement d’éradication lancé depuis trente ans, avec une réduction de 60% du nombre de contaminations.
Bien que portée par l’efficacité des traitements, l’état actuel de la lutte contre le VIH hypothèque cependant l’espoir d’atteindre la fin de l’épidémie en 2030, comme s’y sont engagées les autorités sanitaires internationales. Au cœur du problème, c’est un paradoxe emblématique de la santé publique qui s’exprime : la chronicisation de la maladie entraîne un relâchement des mesures de vigilance sur le plan individuel.
Les chiffres l’attestent : le VIH demeure une priorité de santé publique, malgré les progrès thérapeutiques. 180 000 personnes vivent encore avec le virus et les contaminations restent chaque année à un niveau élevé. La maladie se chronicise, certes, mais au prix d’une qualité de vie altérée. Et il reste difficile de diagnostiquer et prendre en charge certains publics éloignés du soin, comme les personnes migrantes. Il faut donc, d’urgence, se remobiliser pour mieux informer les populations à risque. Les autorités sanitaires viennent de réactualiser leurs recommandations. Le but est notamment de sensibiliser les professionnels de santé à la promotion des traitements pré- et post-exposition, « très efficaces », pourvu qu’ils soient dispensés aux bonnes personnes et au bon moment.
Outre la relance des actions de prévention auprès des publics à risque, l’enjeu est également de réactiver l’information du grand public. L’enquête de l’Inserm sur la sexualité des Français, publiée mi-décembre, le montre : les pratiques évoluent à la hausse, avec davantage de partenaires durant l’existence, pour les hommes comme pour les femmes. Parallèlement, la prévention des risques d’IST recule en population générale, avec notamment un usage en baisse du préservatif durant le premier rapport. Il est donc urgent de sensibiliser tout un chacun : non, le risque du VIH n’a pas disparu. Oui, il reste une menace pour la santé, à tous les âges de la vie et dans toutes les situations de rapports sexuels non protégés.
Antoine Largier
Légende photo : Illustration 3D de cellules virales du VIH.
Article extrait du dossier Grand Angle spécial VIH réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 1er décembre 2024.