BPCO, à prendre très au sérieux

Dr Maeva Zysman, pneumologue au CHU de Bordeaux

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie pulmonaire fréquente qui touche environ 5 à 10 % de la population française, mais qui reste sous-diagnostiquée : à peine un quart des patients sont diagnostiqués, alors que la BPCO peut être grave. Les patients hospitalisés pour une exacerbation sévère peuvent décéder des suites de la maladie. Ils souffrent également de nombreuses comorbidités cardio-vasculaires.

La BPCO est une pathologie silencieuse, mal connue. Le dépistage par la mesure du souffle constitue ainsi le premier enjeu de la maladie. Mais les patients ont tendance à banaliser leurs symptômes (toux, essoufflement, crachats, bronchites répétées…) et, de plus, selon une enquête récente, ils ont peur d’un diagnostic alternatif qu’ils jugent plus grave, en particulier le cancer du poumon.

On observe que la population touchée par la BPCO est en train de changer. L’image de l’homme âgé, fumeur, est dépassée, car, aujourd’hui, à cause de l’augmentation du tabagisme chez les femmes jeunes, les femmes sont atteintes presque autant que les hommes  : à tabagisme égal, les femmes vont développer la maladie de façon plus précoce. Même si le tabac est responsable à plus de 80 % des BPCO, il existe d’autres facteurs environnementaux, notamment la pollution. Dans certains pays, en Asie, notamment, où les niveaux y sont très élevés, le lien entre pollution et BPCO est bien établi. En France, il existe clairement une corrélation entre la survenue des exacerbations et le niveau de pollution. Dans d’autres cas, la BPCO peut être d’origine pédiatrique, liée à des maladies infantiles, à un asthme mal traité ou encore être la conséquence d’une grande prématurité. L’altération précoce de la fonction respiratoire peut laisser des séquelles à l’âge adulte.

En ce qui concerne la prise en charge médicamenteuse, pour la première fois une des biothérapies semble prometteuse dans les formes les plus sévères avec exacerbations fréquentes malgré un traitement inhalé bien conduit.

Enfin, il faut souligner que la réadaptation respiratoire mériterait d’être plus accessible et développée à tous les stades de la maladie, car elle est extrêmement efficace, soulage l’essoufflement, le handicap à l’effort et change la vie des patients.

Christine Fallet


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies respiratoires réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 27 janvier 2024.

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