Diabète : prévenir, dépister, soigner et évaluer

Jean-François Thebaut, vice-président de la Fédération française des Diabétiques

Selon un récent article publié dans The Lancet, 1,3 milliard de personnes pourraient être touchées par le diabète en 2050, contre 521 millions en 2021. La progression du diabète constitue l’un des fléaux sanitaires majeurs du XXIe siècle, portée par l’évolution des modes de vie, la hausse de l’obésité et les carences des politiques de prévention, d’éducation à la santé, mais surtout par les inégalités sociales de santé.

Pourtant, l’incidence croissante du diabète de type 2 n’est pas une fatalité : une majorité des cas de diabète pourraient être évités, en promouvant le dépistage, l’activité physique et l’équilibre nutritionnel. En France, en dépit des engagements affichés par les autorités sanitaires, nous sommes encore loin du compte. Il faut investir davantage à l’école pour sensibiliser les jeunes générations, en particulier les populations les plus défavorisées. Il est impératif de promouvoir le dépistage précoce comme le propose l’Assurance-Maladie dans son rapport charges et produits 2024. Toutes les études convergent : les Français, comme c’est le cas partout dans le reste du monde, ne sont pas égaux face au diabète, notamment parce que les plus pauvres sont les plus exposés aux risques du fait d’une mauvaise nutrition et de la sédentarité.

Outre la lutte contre l’incidence de la maladie, nous devons également progresser dans la prise en charge des patients atteints. Ces dernières années, de véritables révolutions thérapeutiques et technologiques ont permis de réelles avancées pour équilibrer dans la durée l’équilibre glycémique des patients, réduire les risques de complications et améliorer leur qualité de vie au quotidien. Ces défis sont aujourd’hui sociaux et organisationnels. Il faut rendre effective une prise en charge pluriprofessionnelle et rendre possible l’accès à ces innovations technologiques ou médicamenteuses pour tous les patients, les aider à s’approprier les nouvelles modalités de suivi de leur pathologie et alléger la charge mentale liée à la gestion de leur état de santé. Comme cela peut être le cas pour les diabétiques de type 1 traités par des dispositifs de boucle semi-fermée.

Le déploiement de la télésurveillance doit être également soutenu, évalué et surtout élargi avec la nécessité d’exploiter l’ensemble des données recueillies avec le consentement du patient. Il y a encore beaucoup à apprendre sur les trajectoires de soins des personnes malades, sur leur expérience de vie et sur les causes de leur adhésion ou au contraire leurs freins aux solutions qui leur sont proposées.

Ces enjeux sont au cœur des travaux menés par la Fédération française des Diabétiques, à travers son Diabète LAB. Ce living lab conduit depuis sept ans des études sur la vie quotidienne des patients, sur le vécu et l’usage des dispositifs médicaux qui les concernent, et sur les avancées médicales proposées par la science.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Diabète réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 15 novembre 2023.

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