Seize millions de Français souffrent d’une maladie de peau, c’est ce que révèle une enquête menée par la Société française de dermatologie qui a nourri la rédaction d’un livre blanc relatant les différents enjeux et problématiques de cette discipline.
En premier lieu, les patients ont des difficultés d’accès aux soins, avec un délai de rendez-vous moyen de trois mois, hors Paca et région parisienne. La démographie médicale en est la principale cause : le nombre de dermatologues a diminué de3 800 à 3 400. Un problème destiné à s’accentuer puisqu’un tiers des dermatologues ont plus de 60 ans et 70 % sont des femmes travaillant parfois à temps partiel.
Comment faciliter l’accès à ces spécialistes ? A travers la téléconsultation, pour éviter des déplacements aux résidents d’Ehpad, ou la télé-expertise, pour orienter les médecins généralistes, la télémédecine est une véritable aide. Si sa faible rémunération reste un frein majeur, elle est un levier supplémentaire pour permettre aux patients qui le nécessitent d’être pris en charge. Une véritable nécessité aussi bien médicale, sociale que professionnelle face à des pathologies dont les impacts sont très importants.
Seulement un tiers des patients souffrant d’un psoriasis relevant d’un traitement systémique en bénéficient.
A cela s’ajoute une image fausse de « petites maladies », tandis que 90 % des pathologies dermatologiques sont lourdes, comme le psoriasis, la maladie de Verneuil, le mélanome, dont la fréquence double tous les dix ans, ou la dermatite atopique, qui touche 20 % des enfants. Autant de maladies qui bénéficient du fort dynamisme et des révolutions thérapeutiques (thérapie ciblée, immunothérapie, biothérapie, etc.) que connaît la dermatologie depuis quelques années.
Malgré ces importants progrès, de nombreux patients restent sous-traités, seulement un tiers des patients souffrant d’un psoriasis relevant d’un traitement systémique en bénéficient.
Si la création des Centres de référence maladies rares a révolutionné la prise en charge des malades, des progrès restent à faire quant à la connaissance de la dermatologie en médecine générale. Notamment grâce à l’amélioration de la formation en 3e cycle mais aussi lors d’enseignements post-universitaires.
Pr Pascal Joly, président de la Société française de dermatologie
Article extrait du dossier Grand Angle – Spécial dermatologie, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 13 décembre 2018.