Pourquoi il faut mieux soutenir l’innovation

Pr Martine Gilard, présidente de la Société française de cardiologie

Face à des pathologies qui progressent sous l’effet du vieillissement et des modes de vie, la cardio-logie française est très active pour mettre au point de nouvelles solu-tions thérapeutiques, technologiques ou organisationnelles.

En France, des innovations majeures ont vu le jour, comme le cœur artificiel définitif, l’implantation percutanée (TAVI) ou le traitement radical par ablation des arythmies auriculaires, qui transforment chaque jour la vie de milliers de patients à travers le monde. Alors que le soutien des pouvoirs publics à la lutte contre les pathologies cardio-vasculaires est aujourd’hui insuffisant, le corps médical ne désarme pas. Avec les autres professionnels de santé, nous devons d’abord coordonner nos efforts pour concevoir des filières de soins efficaces, sans perte de chance pour les patients.

Un autre enjeu sera de recueillir et d’interpréter la masse considérable de données issues de l’usage des dispositifs connectés de santé

Nous devons également continuer à améliorer les innovations technologiques mises au point par les industriels, aux côtés de leurs ingénieurs. Il nous faut enfin saisir les formidables opportunités offertes par la révolution numérique. L’imagerie en cardiologie, par exemple, permet de disposer de diagnostics anatomiques ou fonctionnels de plus en plus précis, tout en limitant l’exposition des patients aux risques de radiation. Un autre enjeu sera de recueillir et d’interpréter la masse considérable de données issues de l’usage des dispositifs connectés de santé. Déjà, la profession est en avance : nous avons constitué 22 registres, extrêmement informatifs, qui nous aident à suivre au plus près les prises en charge dans de nombreuses pathologies cardiaques.

Demain, grâce aux données d’expériences recueillies auprès des patients, nous pourrons répondre à certaines questions encore non élucidées : quel est l’impact des pathologies cardiaques sur la santé au travail ? La solitude est-elle un facteur d’aggravation de l’état de santé ? Quelle est l’influence de la pollution et des facteurs environnementaux ? Quelle est la qualité de vie des patients en cas d’effets indésirables liés aux thérapeutiques  ?

Ces réponses sont essentielles pour changer d’approche et proposer une véritable médecine personnalisée aux patients, à leur entourage et à la société.

Photo : SFC / DR

Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde