
Pr Alain Cantagrel, Président de la société française de rhumatologie et chef du service de rhumatologie du CHU Purpan à Toulouse.
La rhumatologie s’intéresse aux pathologies articulaires, osseuses, musculaires et péri-articulaires de l’appareil locomoteur, dont les origines sont diverses : mécaniques et dégénératives (arthrose) ; métaboliques (goutte) ; inflammatoires (spondylarthrite) ; auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, lupus et maladies systémiques).
Pour faire face à ces maladies, la rhumatologie ne cesse de progresser, épaulée par les avancées de disciplines partenaires (radiologie couplée à l’intelligence artificielle et deep learning). Diagnostic, traitement, suivi et pronostic, tous les pans de la discipline sont concernés : examens biologiques plus performants ; échographie articulaire associée à l’examen clinique ; gestes écho-guidés évitant l’exposition aux radiations ionisantes ; immunothérapie ciblée ; protéines recombinantes et inhibiteurs de kinases dans les pathologies inflammatoires et osseuses ; étude des rôles prédictifs et thérapeutiques de l’épigénétique ; exploration du microbiote intestinal et de son influence sur le système immunitaire ; évaluation de la thérapie cellulaire par cellules souches dans les pathologies arthrosiques.
Chez des sujets jeunes, dont l’espérance de vie augmente continuellement, le rhumatologue accompagne le bien vieillir en prévenant les pathologies du sujet âgé : conservation du capital osseux, prévention de la sarcopénie, protection du cartilage. Pour cela, les spécialistes utilisent la densitométrie osseuse, prescrivent de l’activité physique, dispensent éducation thérapeutique et conseils hygiéno-diététiques. Si elle progresse et dispose d’outils performants, la rhumatologie souffre, comme d’autres disciplines, d’une démographie largement insuffisante.
La réforme de la formation des spécialistes apportera probablement certaines améliorations dans l’acquisition des connaissances nécessaires, mais l’étendue du champ des compétences et la modernisation de la discipline justifient une durée de formation de cinq ans, et non de quatre ans actuellement proposées.
Gezabelle Hauray
Article extrait du dossier Grand Angle – Spécial rhumatologie, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 11 décembre 2018