Doté de 1,78 milliard d’euros, le nouveau plan Cancer propose quatre priorités pour la décennie.

Pr Jean-Yves Blay

Priorité de santé publique depuis vingt ans, le combat contre le cancer entre dans une nouvelle phase. En février dernier, c’est Emmanuel Macron lui-même qui présentait la Stratégie décennale de lutte contre le cancer. Un plan d’action très attendu, au moment où la situation apparaît paradoxale. Jamais, en effet, les progrès n’ont été aussi importants, avec un réel espoir de « chroniciser » une majorité de cancers. Et jamais, pourtant, leur incidence n’a été aussi élevée en raison du vieillissement de la population qui accroît les risques d’y être exposé.

Avec 1,78 milliard d’euros de crédits affectés, la Stratégie décennale se focalise sur quatre axes  : améliorer la prévention (40  % des cas de cancers sont évitables), limiter les séquelles et améliorer la qualité de vie de patients appelés à vivre longtemps avec la maladie, progresser sur les cancers dits « de mauvais pronostic » et s’assurer d’un égal accès des patients aux progrès thérapeutiques. « Avec des moyens conséquents et des priorités claires, c’est une excellente nouvelle, se félicite le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer. La prévention doit être renforcée pour éviter l’apparition de premiers mais aussi de seconds cancers qui surviennent plus fréquemment chez les patients guéris. Et nous devons encore progresser dans la prise en charge des cancers à mauvais pronostic, souvent diagnostiqués à des stades métastatiques qui réduisent les chances de survie. »

Parmi les voies de progrès, l’analyse du génome de la cellule tumorale doit être davantage diffusée, de même qu’il faut étendre l’accès des patients aux innovations thérapeutiques, en particulier l’immunothérapie. « L’un des enjeux consiste à consolider le continuum entre la recherche et le soin, précise le Pr Blay. L’avènement de la médecine de précision permet de mieux caractériser les sous-types de cancers. Cette fragmentation induit un plus grand nombre de cancers différents, tous plus rares. Les traitements ciblés sont donnés à des groupes plus restreints. Les données issues de la vie réelle ont une importance croissante dans ce contexte. » Unicancer regroupe les 18 centres de lutte contre le cancer (CLCC), qui prennent en charge chaque année 28 % des patients atteints de cancer. « Les CLCC sont des acteurs majeurs de la recherche, Il faut simplifier les procédures, pérenniser les fonds de soutien à la recherche académi- que et investir dans des travaux sur les données et les entrepôts destinés à les stocker », témoigne Sophie Beaupère, Déléguée générale d’Unicancer.

Unicancer place l’innovation numérique au cœur de ses priorités, multipliant les partenariats publics et privés. « L’analyse de la donnée fait désormais partie intégrante du soin, pour garantir au patient le bon traitement au bon moment », conclut le Pr Blay

Stéphane Corenc

Article extrait du dossier Grand Angle spécial oncologie réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 5 juin 2021.

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