Peu invasive et tout aussi efficace que la chirurgie classique, l’implantation de valves aortiques percutanées a démontré ces dix dernières années son efficacité et son potentiel. Cette pratique pourrait bien devenir le traitement de référence des rétrécissements aortiques serrés.
Séparant le ventricule gauche de l’aorte, la valve aortique est un élément clé dans le fonctionnement du cœur puisqu’elle permet d’envoyer régulièrement le sang dans l’organisme en s’ouvrant et se fermant. Ce « clapet stratégique » de 3 cm² d’ouverture peut devenir moins efficace à cause de dépôts calcaires qui diminuent peu à peu son ouverture provoquant un rétrécissement aortique. Cette maladie touche essentiellement les plus de 70 ans. « Les symptômes apparaissent lorsque l’ouverture est inférieure à 1 cm² avec un essoufflement surtout à l’effort, des douleurs d’angine de poitrine, des pertes possibles de connaissance. Le patient encourt alors un risque de mort subite », explique Hélène Eltchaninoff, cardiologue interventionnelle au CHU de Rouen. Aucun facteur de risque connu, aucun traitement préventif, la seule solution est de remplacer la valve défectueuse. Un acte chirurgical permet d’enlever la valve défectueuse et de la remplacer par une bioprothèse. Mais cette chirurgie, assez lourde, ne peut pas être appliquée aux personnes les plus fragiles.
Un traitement par voie percutanée
Au début des années 2000, un traitement par cathétérisme a été proposé à ces patients atteints de rétrécissement aortique serré et qui ne pouvaient bénéficier de la chirurgie. « Développée par le Pr Alain Cribier, la première valve aortique percutanée a été implantée en avril 2002 dans notre service au CHU de Rouen. Aujourd’hui, en France, sur la seule année 2015, près de 8000 patients ont bénéficié de cette nouvelle intervention pratiquée par 48 centres », indique Hélène Eltchaninoff, et plus de 200 000 patients ont été implantés par cette voie dans le monde. Cette technique se développe car elle apporte la même efficacité que le traitement chirurgical en étant moins invasive, beaucoup plus simple et plus confortable pour le patient.
Tous les deux ans, une nouvelle génération de dispositif arrive sur le marché avec des améliorations. Les valves sont de plus en plus petites, ce qui leur permet de passer par l’artère fémorale dans près de 90% des cas. Dans les 10% restant, les chirurgiens pourront utiliser un passage via la pointe du cœur, ou bien l’aorte ou la carotide avec une mini-chirurgie. Les améliorations ont touché également la diminution des possibilités de fuite de sang entre la prothèse et l’ancienne valve repoussée sur le côté. La simplicité de pose a entrainé également la possibilité de pratiquer cette intervention sous anesthésie locale, et diminuer ainsi le temps passé à l’hôpital. « Dans les prochaines années, nous attendons encore une diminution du calibre de la bioprothèse tout en gardant la même qualité, une simplification accrue du geste, et le développement de cette pratique dans d’autres indications. Ces valves percutanées ont ouvert tout un champ en cardiologie », souligne Hélène Eltchaninoff. Les valves percutanées pourraient bien devenir le traitement de référence du rétrécissement aortique serré dans les prochaines années. Les résultats du suivi des patients implantés, tous intégrés à un registre prospectif, permettra de rendre compte en vie réelle de l’intérêt de cette nouvelle pratique.
Anne Pezet pour CommEdition.