
Les patients atteints de MRC doivent, dans certaines situations, diminuer leur apport en protéines. Des aliments à statut médical peuvent les y aider.
En cas de maladie rénale modérée à terminale (stades 3 à 5), le patient doit être très vigilant sur le plan des règles hygiéno-diététiques. Outre la nécessité de boire beaucoup d’eau (sauf au stade de l’insuffisance rénale terminale), de limiter les apports de sel, de phosphore ou de contrôler les apports en potassium, il est également recommandé de réduire les apports en protéines. Les protéines sont en effet transformées en urée, qui risque de s’accumuler dans le sang en raison du mauvais fonctionnement du rein. Et le patient est alors exposé à divers risques, comme l’hypertension artérielle, l’anémie, des nausées…
Les référentiels de prise en charge de la MRC recommandent que le patient suive un régime pauvre en protéines. « L’objectif est de limiter la part de protéines absorbées, selon le stade de la maladie, indique Laura Salaün, Directrice médicale Dr. Schär France. Il est question, selon les recommandations internationales (KDOQI guidelines 2020), de les réduire à 0,55 à 0,6 g/kilo/jour, mais cela peut même descendre à 0,28 pour certains patients. » Afin d’aider les patients à adapter leur alimentation, l’accompagnement par des diététiciens est primordial et de plus en plus développé.
Et près de 90 % des néphrologues sont aujourd’hui convaincus de l’importante de la nutrition dans le suivi de la MRC, comme le montre une enquête menée par Dr. Schär (octobre 2024). Entreprise italienne centenaire, elle est spécialisée dans la nutrition médicale. « Nous proposons une gamme complète de produits céréaliers très pauvres en protéines, essentiellement du pain, des pâtes, des farines et des biscuits, destinés aux personnes atteintes d’insuffisance rénale, explique la Directrice. C’est une solution innovante pour diminuer de manière efficace ses apports quotidiens en protéines et favoriser l’observance au régime pauvre en protéines. » Commercialisés en pharmacie, ces produits ont un statut de Denrées alimentaires destinées à des fins médicales spéciales (DADFMS), ce qui signifie qu’ils sont produits sous strict contrôle médical. Comment favoriser l’accès des patients à ces aliments de nutrition médicale ? Disponibles, ils ne sont actuellement pas remboursés en France, alors qu’en Italie un forfait mensuel pouvant atteindre 120 euros est proposé aux patients. « Nous menons en ce moment des études afin de démontrer les bénéfices cliniques de ces produits, mais également leur intérêt sur le plan économique, précise Laura Salaün. Des travaux internationaux estiment que les régimes hypo-protéinés peuvent différer de plusieurs années l’entrée en suppléance des patients. Et il faut rappeler qu’une dialyse coûte plus de 60 000 euros par an et par patient. »
Stéphane Corenc
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Néphrologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 9 mars 2025.