Médicaments : la promesse des anticorps conjugués

DG de la filiale France du laboratoire japonais Daiichi Sankyo, Benoît Escoffier explique la stratégie d’un groupe spécialisé en oncologie.

Quel est l’engagement de votre entreprise dans le champ de l’oncologie ?

Troisième laboratoire pharmaceutique au Japon, Daiichi Sankyo est une entreprise spécialisée dans l’innovation et les traitements thérapeutiques de pointe et focalisée dans la réponse aux besoins médicaux non satisfaits. Depuis dix ans, nous investissons fortement dans la Recherche et le Développement en oncologie. Nous sommes très avancés dans la technologie des anticorps conjugués et avons noué des partenariats importants pour cinq de nos ADC avec Astrazeneca d’une part et MSD d’autre part. Nous disposons aujourd’hui d’une parfaite maîtrise de cette approche thérapeutique, qui repose sur un mode de production particulièrement complexe. Les ADC sont constitués de trois composants : un anticorps, des molécules de chimiothérapie et un linker. L’anticorps a pour propriété de savoir reconnaître et cibler la tumeur. La chimiothérapie, conduite au cœur de la tumeur, a pour fonction de détruire les cellules cancéreuses. Et le linker est un petit composant chimique qui sert à « lier » l’anticorps et la chimiothérapie. Grâce à l’ampleur de nos investissements en R&D – près de 25 % de notre chiffre d’affaires y est consacré – nous pouvons contribuer à la progression des solutions thérapeutiques contre de nombreuses formes de cancer.

Actuellement, plus de 20 candidat médicaments sont en développement, avec plus de 60 essais cliniques.

Quels types de cancer peuvent être pris en charge grâce à vos traitements ?

Grâce aux ADC, mais également à nos développements dans d’autres technologies ou domaines de recherche que sont la thérapie cellulaire, la thérapie génique, l’ARNm ou les acides nucléiques, nous avons pour ambition de faire partie des 10 acteurs les plus importants en oncologie d’ici 2030. Actuellement, plus de 20 candidat médicaments sont en développement, avec plus de 60 essais cliniques, développés dans 27 pays européens ainsi qu’au Canada. Nos premiers médicaments à base d’anticorps conjugués sont indiqués dans le cancer du sein et dans le cancer gastrique. Mais le potentiel s’annonce très large, avec des développements à l’étude dans le cancer du poumon, les cancers du sang, le cancer de l’ovaire, avec l’espoir d’offrir de réels progrès substantiels pour les patients à travers le monde.

La filiale française est intégralement dévolue à l’oncologie. Quelle est la place du pays dans la stratégie de l’entreprise et comment travaillez-vous avec l’écosystème national ?

La réputation d’excellence de nos équipes en France avec plus de 120 collaborateurs est connue et reconnue au Japon. C’est un atout aux yeux de la direction du groupe pour convaincre et attirer des investissements. Notre hub européen de développement clinique est d’ailleurs basé en France également. Et la grande majorité de nos essais cliniques incluent des patients français, ce qui leur permet d’accéder de façon précoce aux progrès thérapeutiques garantis par nos traitements. Nos équipes collaborent avec des centres de très haut niveau, par exemple avec l’Oncopole de Toulouse, le Centre Léon Bérard à Lyon, Gustave-Roussy à Paris et la fédération Unicancer. Grâce à ces partenariats, nous faisons avancer plus vite la recherche. Il faut évoquer également les efforts mis en œuvre par les autorités sanitaires. La stratégie décennale contre le cancer en témoigne : c’est une illustration exemplaire de ce qu’il est possible de faire pour améliorer de façon constante la recherche fondamentale, les parcours de soins et la qualité de vie des patients.

Vous évoquez la qualité de vie des patients, aujourd’hui un enjeu majeur de la lutte contre le cancer. Comment y contribuez-vous ?

Nous sommes très engagés aux côtés des associations de patients, et nous participons avec enthousiasme à leurs initiatives pour informer, accompagner et soutenir les patients et leur entourage. A l’occasion d’Octobre Rose, par exemple, nous avons créé avec notre partenaire AstraZeneca des bulles de bien-être installées dans de nombreux centres de cancérologie dans tout le pays. Ces espaces confidentiels, qui proposent divers services et prestations selon les choix arrêtés par les centres (psychothérapie, conseils diététiques, activité physique adaptée…), rencontrent un grand succès auprès des patientes. Nous allons également, à la suite d’une analyse précise, proposer en 2025 un ensemble d’actions autour des aidants, qui ont un rôle majeur dans l’accompagnement au quotidien des malades.

Stéphane Corenc


Daiichi Sankyo : tout pour l’innovation

Né en 2005 de la fusion de deux sociétés japonaises, Daiichi Sankyo emploie plus de 19 000 salariés, dans plus de 30 pays dans le monde. Spécialisée en oncologie, l’entreprise est également présente dans les maladies cardiovasculaires et d’autres pathologies dont les besoins médicaux ne sont pas satisfaits. Avec 11 milliards d’euros investis en recherche et développement entre 2021 et 2026, le groupe porte de très fortes ambitions dans la lutte contre le cancer.


Mention legale : FR/DSC/08/24/0001

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 14 septembre 2024.

Photo : © Jean Chiscano-Daiichi Sankyo / DR