Repousser les frontières de l’innovation en oncologie

La Directrice médicale de MSD France, Lamia Boudiaf, rappelle le potentiel de la recherche clinique en oncologie pour un jour en finir avec la première cause de mortalité en France.

Comment MSD, acteur emblématique de la lutte contre le cancer, contribue-t-il aux progrès de la recherche ?

Le laboratoire MSD est l’un des pionniers de l’immunothérapie, cette innovation de rupture qui vise à réactiver l’immunité du patient pour permettre à son organisme de combattre les cellules tumorales. En dix ans, l’immunothérapie a permis des avancées majeures, améliorant le pronostic des patients dans de nombreux cancers. Des étapes décisives ont été franchies, notamment avec la transformation de certains cancers dits de mauvais pronostics, comme le mélanome ou le cancer du poumon, en maladie chronique grâce à ces nouveaux traitements. Les progrès sont immenses et se concentrent désormais sur la remontée des lignes de traitement : l’objectif est de pouvoir traiter les patients à des stades de plus en plus précoces afin d’augmenter leur potentiel de guérison.

Vous participez au congrès de l’ESMO. Quels résultats allez-vous mettre en avant ?

Nous allons présenter de nouvelles données concernant 4 médicaments approuvés et 6 candidats médicaments testés dans plus de 20 types de cancer. Nous mettrons notamment en évidence une amélioration de la survie dans le cancer du sein triple négatif, le cancer du col de l’utérus et le cancer de l’estomac : des cancers difficiles à traiter. Et d’autres résultats sont attendus dans le mélanome avec un recul de dix ans… L’ESMO est devenu un rendez-vous incontournable pour à la fois démontrer le potentiel de nos médicaments, mais également identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. Avec plus de 80 publications soumises cette année, les données partagées souligneront les progrès continus de notre recherche clinique et la robustesse de notre pipeline.

A ce propos, quels développements menez-vous actuellement pour faire progresser la discipline ?

En premier lieu, nous continuons à explorer le potentiel de notre immunothérapie, notamment grâce à des combinaisons de traitements ou des coformulations… Il y a encore beaucoup de batailles à mener, mais nous sommes à la pointe de nouvelles approches technologiques. En partenariat avec Moderna, nous étudions, par exemple, les possibilités offertes par les traitements à base d’ARN messager (ARNm). MSD est également engagé dans le domaine des thérapies ciblées  : le but étant de s’appuyer sur la capacité des anticorps conjugués à délivrer des doses de chimiothérapie au cœur même de la tumeur cancéreuse. Enfin, nous explorons une voie particulièrement prometteuse  : s’attaquer aux mécanismes de croissance du cancer, avec la volonté de stopper la prolifération des cellules tumorales. Aujourd’hui, nos traitements anticancéreux sont disponibles dans 24 tumeurs différentes. Demain, grâce à notre programme de développement clinique, nous interviendrons dans plus de 30 cancers…

Que représente la France dans la stratégie du groupe et comment travaillez-vous avec l’écosystème ?

Par l’excellence de sa recherche clinique, la France est un pays stratégique pour évaluer l’efficacité de nos traitements. Plus de 150 études cliniques sont menées en oncologie, impliquant plus de 2 000 patients sur le territoire. Grâce au dispositif d’accès précoce, nos innovations peuvent désormais bénéficier à de nombreux patients français en attente de nouvelles options thérapeutiques. C’est une grande fierté. Notre ambition est de continuer à améliorer la prise en charge et de contribuer à une plus grande équité d’accès aux soins. Nous sommes ainsi très investis aux côtés des associations de patients qui jouent un rôle majeur pour faciliter le quotidien des malades et favoriser le recueil de données de vie réelle.

Nous avons également lancé, aux côtés d’Unicancer et de l’association Patients en réseau, le collectif « Face aux cancers » – une initiative inédite qui s’inscrit dans les objectifs de la Stratégie décennale de lutte contre le cancer. Ensemble, nous avons défini des propositions concrètes visant à adapter les politiques publiques de demain pour répondre aux nouvelles réalités du cancer. Cette dynamique collaborative est nécessaire et urgente, c’est en joignant nos expertises que nous parviendrons à faire reculer la maladie.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 14 septembre 2024.

Photo : © MSD / DR