Réveiller le système immunitaire

De multiples voies de recherche sont explorées avec la volonté de lutter efficacement contre de plus en plus de cancers. Au sein des grands congrès scientifiques, les résultats obtenus en agissant sur le système immunitaire font beaucoup parler d’eux.

Réveiller le système de défense de l’organisme, le système immunitaire, afin que les cellules tueuses puissent agir efficacement contre les cellules tumorales, telle est la finalité de l’immunothérapie, devenue en quelques années une stratégie de choix dans la lutte contre les cancers. Elle a été l’objet de toutes les attentions au congrès mondial organisé par l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) début juin à Chicago. « Les cellules tumorales ont des mécanismes qui bloquent le système immunitaire. En interférant avec ces mécanismes et en permettant ainsi au système immunitaire de jouer son rôle de défense, les traitements d’immunothérapie menés ont montré une régression des tumeurs qui peut être très rapide, dans les mélanomes, les cancers bronchiques ou autres carcinomes », explique Michel Marty, directeur du Centre des innovations thérapeutiques en oncologie et hématologie de l’hôpital universitaire Saint-Louis, à Paris, et président d’Eurocancer, congrès de référence qui se déroule les 25 et 26 juin à Paris.

L’objectif est de parvenir à développer des traitements qui ne touchent que les cellules tumorales, sans effets secondaires sur les cellules normales : les vraies thérapies ciblées

En parallèle, les travaux de recherche continuent sur les caractéristiques des cellules de chaque cancer.

« De grands programmes internationaux étudient l’ADN de chaque type de cancer afin de comprendre les étapes de développement d’une tumeur dans ses moindres détails et d’identifier les cibles qui n’existent que sur les cellules tumorales. L’objectif est de parvenir à développer des traitements qui ne touchent que les cellules tumorales, sans effets secondaires sur les cellules normales : les vraies thérapies ciblées », souligne Annick Harel-Bellan, responsable du laboratoire Épigénétique et Cancer du CNRS et présidente de la Société française du cancer. Sur certains cancers – leucémie myéloïde chronique, cancer du rein, du sein ou du poumon -, l’analyse génétique des cellules tumorales permet d’identifier des marqueurs spécifiques qui vont permettre au médecin de sélectionner le traitement adapté.

Les 28 plates-formes de génétique moléculaire labellisées par l’INCa (Institut national du cancer) réalisent actuellement dix-sept tests unitaires. « Néanmoins, plusieurs cellules tumorales coexistent au sein d’une tumeur, dont certaines sont résistantes à un traitement. Il est probable que les stratégies thérapeutiques associent plusieurs molécules afin d’atteindre tous les types de cellules », indique Michel Marty. L’hétérogénéité tumorale fera d’ailleurs l’objet d’une journée spécifique au congrès Eurocancer.

Les besoins médicaux sont toujours très forts. En France, 146 500 décès par cancer ont été comptabilisés en 2010, avec un nombre de nouveaux cas estimé à 357 700. « La recherche en France s’est structurée, ces dernières années, avec les cancéropôles, l’INCa, les associations et fondations. Néanmoins, les investissements en recherche dans les sciences de la vie restent en-deçà des efforts considérables consentis dans d’autres pays, aux États-Unis, bien sûr, mais aussi en Allemagne », conclut Annick Harel-Bellan.

Anne Pezet pour CommEdition.