Laurence Faboumy, Directrice générale France, renforce l’engagement de ses équipes en France pour améliorer la prise en charge des patients et faire avancer les connaissances en dermatologie.
Quel est le positionnement d’Almirall en France ?
Cette année 2024 est une année importante pour Almirall dans le monde, puisque nous célébrons quatre-vingts ans d’innovation au service des patients. Ces huit décennies ont apporté chacune ses innovations à des millions de patients, la dernière ayant été marquée par un engagement exclusif en dermatologie médicale. En France, voilà plus de quatre ans que nous avons rouvert la filiale française d’Almirall avec une nouvelle équipe entièrement dévolue à la dermatologie. Ainsi, nous avons bâti progressivement des liens sincères et forts avec les acteurs de notre écosystème, dermatologues hospitaliers et libéraux, chercheurs, sociétés savantes, associations de patients et administrations de tutelle. Plus largement, nous souhaitons contribuer à l’amélioration des prises en charge des patients en France et à celle des connaissances en dermatologie. Pendant ces quatre années, nous avons montré notre engagement indéfectible en France au service des patients souffrant de maladies de peau, pathologies douloureuses, stigmatisantes, parfois invalidantes, et dont l’aspect sociétal est très important à prendre en compte.
Quels sont vos objectifs ?
Notre ambition est claire, devenir un acteur majeur en dermatologie. Nous avons lancé un traitement biologique du psoriasis modéré à sévère en 2020. Dès 2025, nous franchirons un nouveau cap avec le lancement d’un autre traitement biologique, dans une maladie inflammatoire extrêmement invalidante, pour laquelle persiste un besoin thérapeutique immense, la dermatite atopique. En France, près de 3 millions d’adultes et d’adolescents en souffrent. J’ai la conviction profonde que la mise à disposition de cette nouvelle molécule changera la donne. Pour cela, nous avons repensé notre structure, recruté les talents nécessaires et intensifié nos investissements pour affirmer notre présence. Nous ouvrons ainsi une nouvelle voie en dermatologie médicale. Mon objectif est de renforcer notre ancrage en France et de déployer notre expertise pour transformer le monde des patients en les aidant à réaliser leurs espoirs et leurs rêves pour une vie en pleine santé.
Tous propos recueillis par Christine Fallet
Dermatite atopique : une oreille attentive aux besoins des patients
L’Association française de l’Eczéma accompagne les patients atopiques, ainsi que les familles, pour améliorer leur qualité de vie. Parmi ses nombreuses actions, elle réalise un « Baromètre du parcours de soins ». Focus sur les résultats 2024 avec Stéphanie Merhand, la fondatrice.
Le médecin généraliste reste le premier interlocuteur des patients devant les dermatologues privés, suivis par les hospitaliers. Les traitements les plus prescrits sont les dermocorticoïdes et la ciclosporine, puis les biothérapies. A noter cependant, que 44 % des patients n’ont reçu aucun traitement médical et que près de 15 % ne savent pas quels traitements leur ont été prescrits ! Bien que la moitié des patients se déclarent satisfaits de leur prise en charge, une grande majorité regrette d’avoir peu ou pas échangé avec le médecin sur leurs attentes concernant les résultats des traitements. Ces données révèlent le manque d’information et de soutien psychologique. « Les patients peuvent trouver une aide et une écoute auprès de l’association. Grâce à nos nombreuses actions réalisées en collaboration avec les professionnels de santé, nous informons sur la maladie et donnons des conseils pour la gérer au quotidien : par exemple, faire une activité physique pour le bien-être mental, préparer la prochaine consultation en prenant des photos lors des poussées et en tenant un agenda…, explique Stéphanie Merhand. Malheureusement, notre baromètre met aussi en évidence que de nombreux patients ont quitté le parcours de soins et ont cessé de croire au traitement médical, alors que de nouveaux traitements existent et qu’ils sont mieux tolérés. Espérons que la levée de la prescription initiale hospitalière pour certaines biothérapies ira dans le bon sens… ».
Biothérapies et maladies chroniques inflammatoires de la peau • Les enjeux de l’innovation
La dermatologie doit relever de nombreux défis concernant l’accès aux nouveaux traitements pour les patients atteints de psoriasis, de dermatite atopique ou de la maladie de Verneuil. Explications du Pr Marie-Aleth Richard, hôpital de la Timone, à Marseille.
Les dermatologues doivent gérer plus de 3 000 maladies de peau, qui concernent tous les âges de la vie et touchent un tiers des Français. Or, la démographie des dermatologues est en chute libre, posant un problème d’accès aux soins, notamment pour les biothérapies qui apportent des bénéfices thérapeutiques indéniables. La levée de la prescription initiale hospitalière pour les biothérapies est l’occasion de revoir l’organisation des soins et de redéfinir la place des professionnels, spécialistes hospitaliers, dermatologues libéraux, médecins généralistes, pharmaciens…, pour une meilleure coordination au profit des patients, tout en restant conscients des coûts thérapeutiques associés à ces molécules. Dans le psoriasis, les progrès sont remarquables avec de nombreuses biothérapies disponibles, et plus récemment dans la dermatite atopique. Dans la maladie de Verneuil, certaines avancées représentent un espoir important pour les patients atteints des formes les plus sévères et les plus douloureuses du fait de poussées inflammatoires récurrentes. Les patients, souvent jeunes, sont particulièrement impactés dans leur qualité de vie avec des répercussions sur le plan psycho-social, professionnel et sexuel. La maladie est méconnue et stigmatisante. L’errance thérapeutique
est de cinq ans en moyenne, soit 5 ou 6 consultations avant l’annonce diagnostique. Les arrêts de travail – voire une incapacité professionnelle permanente – sont fréquents. La recherche est active vers de nouveaux anticorps monoclonaux, dans une pathologie complexe qui nécessite la combinaison de plusieurs traitements : antibiotiques, chirurgie et biothérapies.
Eczéma atopique : ne jamais se résigner
Les personnes souffrant d’eczéma atopique depuis l’enfance sont parfois sorties du parcours de soins et découragées. Or, il existe de nouvelles solutions thérapeutiques. C’est un message d’espoir que veut transmettre le Pr Delphine Staumont-Sallé (CHU de Lille).
La dermatite atopique est une maladie fréquente qui touche environ 4 % des adultes en France et 15 % des enfants. « Et pourtant, elle reste mal connue. On considère encore que c’est une maladie banale, bénigne et on ne mesure pas assez l’impact sur la qualité de vie et le bien-être du patient et de son entourage », souligne le Pr Delphine Staumont-Sallé. Cette souffrance est très bien décrite par les patients eux-mêmes dans le Baromètre de l’Association française de l’Eczéma : leur indice de santé globale (OMS) qui mesure leur bien-être est nettement diminué, même dans les formes légères et parfois plus que dans les maladies cardio-vasculaires, le diabète… La dermatite atopique entraîne également chez plus de la moitié des patients de l’anxiété et de la dépression. Enfin, un tiers des patients expriment une certaine lassitude envers les traitements locaux. « Il est temps d’informer les patients qu’il est toujours possible de les soulager de façon globale, sur le plan cutané, psychologique… et qu’ils doivent en parler à un professionnel de santé », rappelle le Professeur. Quelle que soit la sévérité de la maladie, la prise en charge a évolué. Pour les formes plus sévères, il existe désormais des biothérapies et des médicaments par voie orale (inhibiteurs de JAK) ciblés sur l’inflammation, efficaces et bien tolérés, et de nouveaux traitements sont encore attendus pour compléter l’arsenal thérapeutique.
Articles extraits du dossier Grand Angle spécial Dermatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 5 décembre 2024.