L’obésité continue de progresser, malgré les récents progrès médicaux et thérapeutiques. Les voix se multiplient pour exiger une stratégie de santé publique plus ambitieuse.

Elle a plus que doublé depuis 1990, mais quadruplé sur la même période pour la tranche des 5 à 19 ans, à l’échelle mondiale. L’obésité touche plus de 10 millions de personnes en France, soit 18,1  % de la population (étude OFEO 24). En y incluant la cible plus large des personnes en surpoids, 48,8  % des Français sont concernés. Véritable épidémie mondiale, l’obésité est à la source de nombreuses comorbidités. HTA, diabète, maladies chroniques, maladies cardiovasculaires, troubles psychiques, apnée du sommeil… environ 17 pathologies y sont associées, rendant très difficile le quotidien de vie des personnes concernées. Dernière donnée préoccupante, le taux d’obésité est fortement corrélé au niveau de vie : la prévalence varie de plus de 10 points entre les ouvriers (53 %) et les cadres (41 %). Face à cette menace majeure pour la santé publique, professionnels de santé et associations de patients appellent à un changement de regard de la société.

Le 3 mars, à l’initiative du Collectif national des associations d’obèses, les premiers états généraux de l’Obésité ont permis de réaffirmer quelques vérités. D’abord, l’obésité est une pathologie à part entière, et non un simple facteur de risque pour d’autres pathologies chroniques. A ce titre, elle doit être mieux remboursée, pour les soins comme pour les thérapies d’accompagnement (psychothérapie, nutrition, activité physique adaptée…). Ensuite, il faut mieux coordonner et structurer les parcours de soins, mais également adapter les lieux d’accueil et les équipements médicaux (salles d’attente, lits médicalisés, tables d’opération, scanners…). Enfin, tout doit être fait pour déstigmatiser les patients, toujours rendus responsables de leur situation, alors que les travaux récents démontrent que l’obésité est une pathologie multifactorielle. Lueur d’espoir pour les patients, les derniers traitements mis à disposition confirment des résultats spectaculaires en termes de perte de poids. Dès lors, la question se pose au sein de la communauté scientifique : faut-il les prescrire à vie ?

Et comment financer la dépense, en prenant en compte l’ensemble des soins évités grâce à la réduction des complications ?

Pierre Mongis


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Obésité réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 5 mars 2025.

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