Santé mentale : des industriels se mobilisent

En 2021, le pays sortait abasourdi de la crise du Covid, avec des chiffres particulièrement préoccupants sur l’état de santé mentale de la population.

« Au Leem, organisation professionnelle des entreprises du médicament, nous avons alors pris la décision de nous engager collectivement pour contribuer à améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patients, en créant le Comité Santé mentale », explique Virginie Lasserre, sa Présidente. Trois ans après sa création, une quinzaine d’entreprises de santé y participent, dont des laboratoires pharmaceutiques, des entreprises de biotechnologie et des start-up du numérique.

« L’objectif est de porter une plateforme de propositions, pour favoriser la recherche et l’accès à l’innovation, précise Virginie Lasserre. Nous souhaitons être pragmatiques, formuler des recommandations directement réalisables, utiles sur le court, le moyen et le long terme.  Nous saluons l’annonce récente du Premier Ministre de faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025. » Trois défis sont au cœur de cette démarche, qui appelle à fédérer l’ensemble des acteurs de la psychiatrie. Le défi de la recherche et de l’innovation, d’abord, avec l’ambition de progresser dans la connaissance des maladies grâce à la collaboration du public et du privé. « La psychiatrie reste le parent pauvre de la recherche médicale, avec 4,1 % du budget alloué, relève la Présidente. Pourtant, il y a aujourd’hui des pistes très avancées pour progresser, grâce notamment aux progrès de la biologie, vers une psychiatrie de précision. Mais il faut davantage les soutenir. »

Deuxième défi, celui de l’accès et de l’évaluation des thérapies. « En France, les ressources sont inégalement réparties sur le territoire, ce qui crée une iniquité dans l’accès aux soins. Par ailleurs, les méthodes d’évaluation des thérapies ne sont pas adaptées, ce qui entraîne des retards dans l’accès des patients aux nouvelles thérapies qui peuvent améliorer fortement leur qualité de vie, et parfois changer le pronostic de leur maladie. »

Enfin, troisième défi, le Comité Santé mentale souhaite contribuer à la fluidité des parcours de soins. « Il faut en particulier travailler sur le continuum du parcours patient entre la ville et l’hôpital, et optimiser la coordination entre les acteurs », préconise Virginie Lasserre. « Le Comité appelle à une évaluation des apports des outils digitaux, ainsi qu’à une démarche plus systématique en matière de maîtrise médicalisée. Les innovations thérapeutiques et numériques peuvent être sources d’économies et d’efficience dans le champ de la santé mentale  », conclut Virginie Lasserre.

Antoine Combier


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé Mentale réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 11 octobre 2024.

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