Capteur de glucose : une révolution technologique, médicale et sociétale…

Entretien avec Philippe Emery, Directeur général de la division Diabète d’Abbott, qui évoque le changement fondamental des référentiels pour une prise en charge du diabète améliorée.

En quoi la mesure en continu du glucose a-t-elle changé la vie des personnes vivant avec un diabète?

Quand nous avons lancé notre capteur de glucose il y a dix ans, cela a totalement révolutionné les modalités de prise en charge du diabète, pour les patients comme pour les professionnels de santé. Grâce à ce dispositif d’une grande précision, le patient peut à tout moment vérifier son taux de glucose directement sur son téléphone portable compatible ou via un lecteur. Il accède ainsi de manière instantanée à ses données aisément interprétables, au lieu de se piquer le bout du doigt. Il peut également, s’il le souhaite, partager ces informations avec le professionnel de santé qui le suit. Cela ouvre la voie à des possibilités de suivi personnalisé encore inconnues il y a dix ans, comme la télésurveillance ou la téléconsultation. Les capteurs de glucose connectés à une application de suivi permettent d’instaurer une véritable médecine personnalisée, adaptée à chacun et s’appuyant sur les propres données de l’utilisateur générées minute par minute.

Vivre avec un diabète insulino-traité a longtemps été compliqué à gérer. Ces solutions contribuent-elles à alléger la charge mentale des patients ?

En effet, l’impact sur la qualité de vie au quotidien n’est plus à démontrer, comme le prouvent de nombreuses études. Outre le fait que les capteurs de glucose remplacent la piqûre au bout du doigt, ces dispositifs deviennent plus petits et discrets. Grâce à cette technologie, les utilisateurs peuvent comprendre l’impact de leur alimentation, de leur activité physique et de leurs doses d’insuline sur leur taux de glucose. Ces informations précises et approfondies aident à instaurer un nouveau dialogue avec le médecin, fondé sur une décision partagée. Le patient acquiert de l’autonomie, il devient expert de son diabète et en prend progressivement le contrôle. De plus, nous œuvrons pour rendre nos dispositifs compatibles avec les dispositifs d’administration d’insuline, tels que les pompes et les stylos, pour réduire davantage le fardeau de la maladie, afin que les personnes puissent vivre aussi normalement que possible.

En améliorant la gestion de la maladie, aide-t-on à changer sa représentation dans la société ?

Les personnes vivant avec un diabète nous rapportent qu’elles peuvent gérer plus facilement leur diabète dans leur vie quotidienne, comme rester en réunion sans devoir sortir pour vérifier leur taux de glucose, se promener ou visiter une exposition. Il reste encore beaucoup à faire pour sensibiliser le grand public aux idées fausses et aux préjugés autour du diabète. Chez Abbott, nous avons soutenu ces dernières années plusieurs initiatives comme celle de l’exposition itinérante des «  200 portraits au-delà du diabète  », la pétition sur les métiers interdits avec la Fédération française des Diabétiques ou encore le manifeste du Diabète de type 1 à l’école, avec l’association Aide aux jeunes diabétiques (AJD). Notre ambition aujourd’hui est de faire disparaître tout préjugé sur la maladie.

En tant que fabricant, vous avez la responsabilité de l’impact environnemental de votre dispositif médical. Qu’avez-vous mis en place pour donner une deuxième vie à ces capteurs ?

Nous avons créé, en 2021, la première filière individuelle pour des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) ménagers en France, destinée à la collecte et au recyclage des capteurs de glucose usagés Abbott, « EasyToCollect  ». Nous mettons à disposition des enveloppes via un partenariat avec La Poste, qui permettent aux utilisateurs d’envoyer 26 capteurs en même temps. A charge pour la filière de récolter et de valoriser ces déchets électroniques. Nous travaillons avec un site industriel TNI, dans le nord de la France, qui récupère et retraite l’ensemble des composants métalliques, donnant ainsi une deuxième vie aux métaux stratégiques, comme le cuivre, l’or, l’argent et le nickel, en les réintroduisant dans l’économie circulaire. C’est par ces nouveaux gestes que nous pourrons, tous ensemble, contribuer à la réduction de l’empreinte environnementale liée au traitement des maladies chroniques.

Antoine Largier


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Diabète réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 15 novembre 2024.

Photo : © Abbott / DR