Les derniers progrès de la lutte contre le diabète visent à protéger globalement les patients contre les risques de complications cardiométaboliques et rénales. Et l’avènement de la boucle fermée hybride change le quotidien des malades insulino-dépendants.

Plus que jamais, le diabète reste l’épidémie du siècle. Avec 4,17 millions de patients en France (chiffres 2021), une prévalence en croissance continue (+ 6,07 % par an) et des dépenses parmi les plus élevées par patient (2 296 euros par an, selon la Cnam), la maladie se propage, au gré du vieillissement de la population (le pic d’incidence survient entre 75 et 79 ans) et de la persistance des facteurs de risque (alimentation déséquilibrée, tabagisme et sédentarité). Parmi les données inquiétantes, on notera la hausse soutenue du diabète de type 1, cette maladie auto-immune, caractérisée par un dysfonctionnement de la production d’insuline par le pancréas. Les cas constatés ont triplé en quinze ans. Les spécialistes y voient la conséquence des modes de vie liés à la qualité médiocre de l’alimentation, mais également de facteurs environnementaux difficiles à évaluer (le rôle des perturbateurs endocriniens reste encore à documenter de façon plus précise). Le diabète de type 2, qui survient le plus souvent après 40 ans, est lui aussi en forte progression.

Face à cette menace sanitaire, à l’origine de complications parfois graves (maladies cardio-vasculaires, insuffisance rénale, cécité, amputation du pied…), la communauté scientifique reste fortement mobilisée. En vingt ans, des progrès considérables ont été réalisés.

Pour les diabètes insulino-dépendants, l’avènement de la boucle dite « semi-fermée » permet d’automatiser la diffusion d’insuline dans l’organisme, en fonction des besoins quotidiens des patients dépendants.

Pour le diabète de type 2, une nouvelle catégorie de médicaments arrive sur le marché : les antagonistes du GLP1 s’attaquent avec succès au surpoids et cumulent des effets bénéfiques en termes de protection des fonctions cardio-vasculaires et rénales. Mais, victimes de leurs performances, ils sont souvent détournés à des fins de cures d’amaigrissement, avec pour conséquence de fortes tensions en termes de disponibilité pour les patients diabétiques.

Au-delà des traitements, la lutte contre le diabète appelle à agir sur tous les fronts. Prévention et éducation à la santé dès le plus jeune âge, optimisation des parcours de soins, pistes de recherche nouvelles pour parvenir à régénérer les cellules du pancréas ou concevoir des insulines « intelligentes », apport des solutions numériques…la victoire finale contre le diabète reste un idéal atteignable, mais dans quels délais ?

Antoine Largier


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Diabète réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 15 novembre 2024.
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