En phase d’accélération, l’innovation en santé appelle à structurer l’écosystème français pour attirer les meilleurs investissements et assurer l’indépendance sanitaire du pays.
Cinq ans après l’apparition du Covid, la santé connaît une vague d’innovations sans précédent. Derrière la mise au point, dans des temps record, des vaccins à base d’ARN messager, les technologies et les thérapeutiques se conjuguent pour produire des solutions de soins inédites. L’oncologie et les maladies rares concentrent les investissements, mais les applications s’étendent pour apporter de nouveaux progrès dans de nombreux domaines. Maladies infectieuses, maladies neurologiques, pathologies cardiovasculaires, diabète, maladies rénales… les avancées s’affichent d’abord dans le champ du diagnostic, grâce aux progrès récents de la biologie et de l’imagerie. Détectées à des stades de plus en plus précoces, ces maladies disposent de nouveaux médicaments, dont la plupart sont désormais issus de la biotechnologie.
Plus de 650 biomédicaments sont actuellement en développement
Pour les patients, l’innovation en santé représente l’espoir de batailles décisives à gagner face à l’aléa de la maladie. Et le déploiement de l’IA à grande échelle va contribuer à accélérer considérablement la mise au point de traitements efficaces, avec des effets secondaires mieux maîtrisés. Cependant, la question est posée : cette médecine d’excellence sera-t-elle accessible à tous ? En France, pays reconnu pour la qualité de ses chercheurs, de ses cliniciens et de ses centres d’expertise, le maillon faible reste la capacité à financer cette innovation, en demeurant fidèle aux valeurs d’universalité : le bon traitement, au bon patient, au bon moment et sans reste à charge. Outre ces enjeux de solidarité, l’autre défi est économique. Face aux coûts considérables de l’innovation, le pays doit être capable d’investir pour attirer les entreprises de santé, faciliter leur ancrage industriel et assurer la souveraineté sanitaire du territoire. Le plan France 2030 vise à y répondre… à condition, bien sûr, que la situation de crise budgétaire le permette.
Stéphane Corenc
Articles extraits du dossier Grand Angle spécial Innovation Santé réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 26 avril 2025.
