Exposition périnatale aux pesticides et risque d’allergies chez l’enfant

De nombreuses études sont actuellement menées afin de mieux comprendre le développement des allergies alimentaires et respiratoires chez les enfants et d’évaluer la part de l’environnement dans leur survenue.

Un projet de recherche particulièrement innovant, mené par le Dr Grégory Bouchaud, chercheur à Nantes, est actuellement financé par la Fondation pour la Recherche médicale (elle-même soutenue par le mécénat des Mutuelles AXA dans le cadre de son programme santé) afin d’étudier l’effet « cocktail » de pesticides, pendant la grossesse, sur les allergies de l’enfant. En effet, les pesticides semblent contribuer à l’augmentation des allergies en affectant le système immunitaire. Et les tout-petits sont davantage touchés, car leur système immunitaire est immature. La période autour de la naissance (grossesse et allaitement) est ainsi particulièrement sensible. En France, plus d’un quart des enfants souffrent d’eczéma, d’allergies alimentaires et d’asthme. Il est donc crucial de comprendre les conséquences d’une exposition multiple aux pesticides, même à de faibles doses, avant et après la naissance.

L’effet cocktail

« Notre étude s’intéresse plus particulièrement à l’effet combiné des pesticides à des doses qui, prises individuellement, n’ont pas d’effet délétère démontré : on parle d’effet “cocktail ” », explique le chercheur. L’étude, encore en cours, utilise un modèle de souris afin d’explorer l’effet cocktail d’un mélange de six pesticides sur l’apparition d’allergies alimentaires et d’asthme. Ces pesticides (trois insecticides et trois antifongiques), communément utilisés, sont testés à des doses inférieures à celles autorisées par la réglementation européenne. Les animaux reçoivent une alimentation contenant ce mélange durant la gestation et l’allaitement, puis ce régime est maintenu chez les petits.

L’objectif est d’observer l’évolution de leur système immunitaire, de leur développement respiratoire, digestif et de leur microbiote, afin de noter les perturbations et d’étudier les mécanismes moléculaires en cause. « Une étude clinique complémentaire permettra de doser les pesticides dans le sang de femmes enceintes allergiques et dans celui de leur enfant, et de corréler le degré d’exposition au risque d’allergie, ajoute le Dr Grégory Bouchaud. Nous espérons ainsi mieux évaluer les risques associés à l’exposition chronique de petites doses simultanées de pesticides, telle que dans la “vraie” vie. L’objectif est, à terme, de définir des stratégies de prévention et d’aboutir à de nouvelles recommandations quant aux doses autorisées, en prenant en compte l’effet cocktail. »

Christine Fallet


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Pédiatrie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 1er juin 2023.

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